#8 TOUS LES TOURNANTS SPIRITUELS DANS LA BIBLE : Ruth réaffirme son attachement à Naomi et à Dieu
Introduction
Qu’est-ce qu’un tournant spirituel ?
#8 TOUS LES TOURNANTS SPIRITUELS DANS LA BIBLE : Ruth réaffirme son attachement à Naomi et à Dieu
Introduction
A) Rester attaché à Dieu et à ses proches même en temps de crise
B) Deux manières de vivre l’attachement
C) Quelle a été la récompense de Ruth dans cet attachement total ?
Conclusion
Ruth (SEGOND, Français Courant, JÉRUSALEM, T.O.B.). Jeune Moabite qui épousa d’abord Mahlôn de Bethléhem, fils d’Élimélek et de Noémi. Il séjourna en Moab avec ses parents et son frère, à cause de la famine qui sévissait en Juda. Après le décès des 3 hommes, Ruth quitta son pays natal et accompagna Noémi, sa belle-mère, lors de son retour à Bethléhem. La Moabite glana dans les champs de Booz, parent d’Élimélek, et il l’accueillit avec bienveillance. Selon la coutume, un parent de Mahlôn devait épouser la jeune veuve. Booz la prit pour femme, lorsque le plus proche parent de Noémi eut renoncé au droit de rachat. Le mariage de Booz et de Ruth ne se conclut pas strictement d’après l’ordonnance du lévirat exposée dans Dt 25.7-10 (cf. Ruth 1.11-13), car Booz n’était pas frère de Mahlôn. Quand la veuve d’un homme, décédé sans enfant et sans frère, voulait vendre sa terre, la coutume exigeait que le plus proche parent ou héritier du défunt, rachetât le domaine de la veuve. La terre restait alors propriété de la famille. La coutume était aussi que le parent, suivant le principe du lévirat, épousât la veuve pour ne pas compromettre son propre héritage (Ruth 3.9 ; 4.5, 6). Assumer ces devoirs était regardé comme un acte de générosité et de loyauté à l’égard de la famille. Le fils né d’une telle union était tenu légalement pour fils du défunt (Ruth 4.5, 10, 14, 17), et héritait finalement de lui selon les droits du premier-né.
Ruth (Livre de).
Auteur.
L’auteur du livre est inconnu. Le Talmud babylonien l’attribuait à Samuel, ce qui est improbable, le livre datant, dans sa forme présente, au moins du règne de David. Le personnage principal en est une Moabite, membre d’un peuple descendant de Lot (Gn 19.37) mais qui, à cause de son attitude hostile envers Israël (Dt 23.4 et suivant ; Nb 22-24 ; Jos 24.9 ; Jg 11.7) fut exclu par Dieu de la possibilité d’entrer dans l’assemblée de son peuple (Dt 23.3-6 ; Né 13.1). Ce livre montre que Dieu ne manie pas ses lois de manière légaliste, mais qu’il sait les adapter en faveur de ceux qui sont droits de cœur.
Date.
Le récit se passe au temps des Juges. On a suggéré l’époque de Chamgar (Jg 3.31) ou celle de Gédéon où Israël souffrait souvent de la famine à cause des incursions madianites (Jg 6.2-6). Le récit couvre une quinzaine d’années, au moins 60 ans avant la naissance de David. Il se situe dans une époque troublée de l’histoire d’Israël marquée par l’insécurité et la décadence religieuse et morale. Le caractère lumineux de ses personnages ressort d’autant mieux sur cet arrière-fond sombre.
La rédaction du livre n’eut lieu que du temps du roi David (Ruth 4.22) et probablement avant celui de Salomon (dont le nom ne figure plus dans la généalogie). On en a souvent renvoyé la rédaction après l’exil, mais la langue est ancienne (semblable à Jg 5), le style nettement plus pur que celui d’Esther et de Chroniques. À l’époque de Ruth, Israël entretenait des relations amicales avec Moab (1S 22.3, 4). L’écrivain ne fait aucune remarque péjorative à propos de ce mariage, et ne s’excuse pas de le rapporter, ce qui indique une rédaction antérieure à l’Exil. À cette époque, d’ailleurs, un mariage avec une femme moabite était considéré comme déshonorant. L’hypothèse d’un pamphlet contre les mesures d’Esdras et de Néhémie au sujet des mariages mixtes manque totalement de fondement. Preuves que le livre de Ruth ne reçut sa forme ultime que longtemps après l’événement relaté : le déchaussement, en signe d’attestation, est présenté comme une coutume périmée (Rt 4.7).
L’histoire se passe à Bethléhem, lieu d’origine de David et du Messie. Ce n’est sans doute pas un hasard que cet épisode, qui a donné naissance à un ancêtre de David, et la naissance du fils de David promis se soient passés dans le même cadre. Les champs où Ruth a glané seront témoins, des siècles plus tard, de l’annonce du Sauveur du monde (Lc 2.8-14) qui n’était autre que l’un de ses lointains descendants (Mt 1.5).
Contenu.
Il s’agit, non d’une légende, mais d’un récit historique transmis par la tradition familiale : qui aurait osé inventer une ascendance moabite à David ? Sa véracité est confirmée par Mt 1.5. Jusqu’au premier siècle au moins, le livre avait sa place parmi les livres historiques, après celui des Juges (d’après sa place dans la Septante et le témoignage de Josèphe et des auteurs chrétiens anciens). Il fut joint aux Écrits (Ketoubim, livres poétiques) sans doute à cause de son utilisation pour la lecture publique lors de la fête de la Pentecôte (aussi : fête de la moisson ; cf. Ruth 2). Le livre exalte l’amitié (Ruth ; l’amie), la piété filiale, la sollicitude pour ceux que la vie a éprouvés (Booz n’était pas obligé d’épouser Ruth, n’étant pas le frère de son mari défunt), la fidélité dans les relations humaines et la foi en Dieu.
But.
Le but conscient de l’auteur semble avoir été de montrer comment la main de l’Éternel (Ruth 1.13) a conduit les circonstances pour introduire dans l’ascendance de David une étrangère représentative des nations païennes qui viendront un jour se ranger sous la bannière de l’un de ses descendants. La tradition rabbinique a vu en Ruth le modèle de la prosélyte, au point que se réfugier sous les ailes du Dieu d’Israël (Ruth 2.12) était devenu synonyme de : se convertir au judaïsme.
Bien d’autres leçons se dégagent de ce livre : Dieu s’occupe des orphelins qui se confient en lui. Il n’est pas partial : en toute nation ceux qui le révèrent et agissent de manière juste lui sont agréables (Ac 10.34-35) et il s’occupe d’eux. Les païens seront au bénéfice de la promesse messianique (Mt 8.11). Dieu utilise parfois des circonstances adverses pour en tirer une bénédiction (sans la famine [Ruth 1.1], Ruth n’aurait jamais partagé l’honneur qui lui revient dans le monde entier depuis des siècles).
Caractéristiques.
Le livre utilise tous les moyens de la poésie hébraïque (parallélismes, assonances, allitérations, passages rythmés). Il est l’un des chefs d’œuvre de la littérature mondiale (Benjamin Franklin le lut un jour à des critiques littéraires parisiens qui ne cachèrent pas leur admiration... jusqu’au moment où ils apprirent que cette nouvelle était tirée de la Bible).
Sa facture est très classique :
une introduction (1.1-5),
quatre tableaux (1.6-18 ; 2.1-17 ; 3.1-15 ; 4.1-12) reliés par des intermèdes servant de transition (1.19-22 ; 2.18-23 ; 3.16-18)
et une conclusion (4.13-17).
Chaque chapitre se déroule dans un autre cadre :
Chapitre 1 : Au pays de Moab
Chapitre 2 : Dans les champs de Bethléhem
Chapitre 3 : Sur l’aire à blé
Chapitre 4 : À la porte de la ville
Les chapitres 1-2 relatent comment Ruth démontre son amour envers sa belle-mère, les chapitres 3-4 comment cet amour fut récompensé.