La tiédeur moderne

Sermon  •  Submitted   •  Presented
0 ratings
· 3 views
Notes
Transcript

Colossiens 3.5

La tiédeur, lisible dans la lettre à Laodicée (Apocalypse 3.14-22), est un message littéral et prophétique. Il concerne à la fois l’église locale, la dernière Église, et le Christianisme de manière générale. La ville de Laodicée était riche, très riche, immensément, en tant que centre industriel et bancaire. Les habitants avaient par exemple refusé l’aide impérial pour reconstruire la ville après le tremblement de terre de l’an 60. Les membres de l’Église sont donc tancés par Jésus, non sur un péché particulier, mais sur leur acceptation de la mentalité de leur cité: une fierté mal placée, un orgueil qui leur donnait l’impression de ne manquer de rien, de n’avoir besoin de rien. C’est donc ainsi que les croyants sont décris comme “pauvres, aveugles, et nus”. Le terme pauvre (πτοχωσ) est le même que celui utilisé dans le sermon sur la montagne, est un avertissement fort. Les croyants sont extrêmement démunis (en esprit). Ils sont aveugles car ils refusent d’ouvrir les yeux sur leur condition, et ils sont nus, ne revêtant pas la robe de justice du Christ.
Nous reviendrons sur les solutions apportés par le Christ plus tard.
Paradoxalement ou non, la tiédeur ne concerne pas seulement le Chrétien, mais l’homme moderne et post-moderne aussi. C’est le constat fait par le grand philosophe Nietzsche dans son ouvrage : “Ainsi parlait Zarathustra”, et particulièrement son prologue. Il y fait une présentation de la modernité déjà mourante du fait de son inhabilité à vivre pleinement selon ses propres convictions. Zarathustra descendant de sa montagne vers la ville croise un ermite dans la forêt, qui s’est retiré du monde car il préfère Dieu à ce que les hommes sont devenus. Nietzsche ne commente pas le livre de l’Apocalypse de Jean, mais il observe et constate le fonctionnement de la société. Son livre est écrit dans les années 1880, en plein âge laodicéen. Ainsi donc nous pouvons voir le sage retiré du monde comme le Christianisme pré-moderne (Philadelphie), qui a terminé sa mission de prédication de l’Évangile avec ses faibles moyens, pour éveiller les peuples à ce qui allait venir (1844). Or avec la grande déception, le monde n’a plus cru en Dieu.
La période moderne a vu l’émergence de l’athéisme moderne (basé sur la décision de quelques Français), un grand mouvement d’évangélisation mondial, et un rejet de Dieu après la grande déception. Ce rejet de Dieu est venu signifier la fin, non-immédiate, mais certaine, de cette modernité. Car ce que Nietzsche constate c’est un monde de Chrétiens tristes, à qui des théologiens servent une soupe amer, ces mêmes théologiens qui rejettaient toute parole de Dieu (théories documentaires de Julius Wellhausen, rejet des miracles, et même de la notion de Dieu vivant comme quelque chose d’abstrait); et à la fois un monde de non-croyants incapables de vivre hors de la morale, et qui ne dépassaient pas le stade du bien et du mal, pour devenir des surhumains, qui auraient pris possession complète de leur vie. Le petit bonheur bourgeois plein de petits contentements était un mélange que le philosophe n’arrivait pas à accepter.
-« Que peut-il vous arriver de plus sublime? C'est l'heure du grand mépris.
L'heure où votre bonheur même se tourne en dégoût,
tout comme votre raison et votre vertu.
L'heure où vous dites: "Qu'importe mon bonheur! Il est pauvreté,
ordure et pitoyable contentement de soi-même. Mais mon bonheur devrait
légitimer l'existence elle-même!"
L'heure où vous dites: "Qu'importe ma raison? Est-elle avide de
science, comme le lion de nourriture? Elle est pauvreté, ordure et pitoyable
contentement de soi-même!"
L'heure où vous dites: "Qu'importe ma vertu! Elle ne m'a pas encore
fait délirer. Que je suis fatigué de mon bien et de mon mal! Tout
cela est pauvreté, ordure et pitoyable contentement de soi-même. »
« L'heure où vous dites: "Qu'importe ma justice! Je ne vois pas que
je sois charbon ardent. Mais le juste est charbon ardent!"
L'heure où vous dites: "Qu'importe ma pitié! La pitié
n'est-elle pas la croix où l'on cloue celui qui aime les hommes? Mais
ma pitié n'est pas une crucifixion."
Avez-vous déjà parlé ainsi? Avez-vous déjà
crié ainsi? Hélas, que ne vous ai-je déjà entendus
crier ainsi!
Ce ne sont pas vos péchés - c'est votre contentement qui crie
contre le ciel, c'est votre avarice, même dans vos péchés,
qui crie contre le ciel! »
Extrait de 
Ainsi Parlait Zarathoustra
Friedrich Wilhelm Nietzsche
Le philosophe ne voit pas dans son athéisme que tout est déjà écrit dans la Bible. L’homme rejette Dieu mais pour se créer sa propre morale (Genèse 3), la nouvelle société de Caïn… et rien ne viendra changer cela (bien évidemment).
Et il est l’exemple même de celui qui connaît la Bible sur le bout des doigts (fils de pasteur, a étudié la théologie…) et ne pas être changé par sa lecture. Il a vécu le scepticisme croissant de la théologie allemande.
Et nous voici à notre époque contemporaine, où nous nous posons la question de ce qui constitue notre aveuglement, notre pauvreté, notre dénuement en tant qu’Église… mais il faut aussi regarder l’époque autour de nous. Croire sans croire c’est vivre de tous ces petits contentements, se justifier par eux, et au final, ne pas lâcher ces petits plaisirs qui tiennent le vieil homme en vie.
St Jean Chrysostome écrivait :

Si le péché c’est l’homme , pourquoi faire suivre le mot « homme » de ce mot : « Avec ses actes? » Car il a déjà parlé du vieil homme, en montrant qu’il désigne par là non toutes les couvres de l’homme , mais le péché. Le libre arbitre en effet est plus important que la substance, et c’est ce libre arbitre plutôt que la substance qui constitue l’homme. Ce n’est pas la substance de l’homme en effet qui précipite l’homme dans la géhenne ou qui le transporte dans le royaume des cieux, c’est le libre arbitre, et ce que nous aimons dans l’homme ce n’est pas l’homme, c’est telle ou telle qualité. Si donc le corps est la substance, et si la substance est irresponsable pour le bien comme pour le mal, comment le corps serait-il le mal ?

Le péché est ce vieil homme, et le libre-arbitre donné en raison de l’amour que Dieu nous porte, est ce qui nous permet d’accéder au salut par Jésus-Christ. Il est ce qui nous permet de choisir la rédemption offerte par le Christ. Il n’y a pas de péché insurmontable, il n’y a que des choix libres que nous effectuons. Faut-il y voir une exaltation de nos œuvres ? Impossible car en étant baptisés nous vivons en Christ et Christ vit en nous. Ainsi nous sommes guidés par Lui, et donc motivés par l’amour, “qui est le lien parfait” (Colossiens 3.14)
Or nous voici dans une époque de grande épreuve, où le mot d’ordre qui se généralise est : “Ni oubli, ni pardon!”. Un monde dans lequel une divergence d’opinion justifierait la haine et la mort, un monde dans lequel le péché doit être accepté, et celui qui le dénonce rejeté comme intolérant et non-inclusif. L’un des signes de la fin des temps :
est criant de vérité prophétique. Ce manque d’amour se retrouve lié avec le rejet croissant du libre-arbitre. En effet, dans les esprits actuels, l’individu agit selon des critères prédestinés (origine sociale, ethnique, culturelle…) et ne peut pas sortir de ce carcan. Certaines personnes seront des persécuteurs tandis que d’autres seront d’éternelles victimes, incapables de se dépasser et de choisir. C’est en tout cas ce genre de société que l’ennemi de Jésus souhaite, une société dans laquelle il n’y a qu’une seule mentalité et pas de liberté d’action, de choix.
Le but final étant l’apostasie du Christ Jésus. Le monde qui se construit sous nos yeux est celui de l’avènement du dernier homme (Der letzte Mensch), décrit par Nietzsche.
« Malheur! Les temps son proches où l'homme ne mettra plus d'étoile
au monde. Malheur! Les temps sont proches du plus méprisable des hommes,
qui ne sait plus se mépriser lui-même.
Voici! Je vous montre le dernier homme. »
« Amour? Création? Désir? Etoile? Qu'est cela?" - Ainsi
demande le dernier homme et il cligne de l'oeil. »
« La terre sera alors devenue plus petite, et sur elle sautillera le dernier
homme, qui rapetisse tout. Sa race est indestructible comme celle du puceron;
le dernier homme vit le plus longtemps.
"Nous avons inventé le bonheur," - disent les derniers hommes,
et ils clignent de l'oeil.
Ils ont abandonné les contrées où il était dur
de vivre: car on a besoin de chaleur. On aime encore son voisin et l'on se frotte
à lui: car on a besoin de chaleur.
Tomber malade et être méfiant passe chez eux pour un péché:
on s'avance prudemment. Bien fou qui trébuche encore sur les pierres
et sur les hommes!
Un peu de poison de-ci de-là, pour se procurer des rêves agréables.
Et beaucoup de poisons enfin, pour mourir agréablement.
On travaille encore, car le travail est une distraction. Mais l'on veille à
ce que la distraction ne débilite point.
On ne devient plus ni pauvre ni riche: ce sont deux choses trop pénibles.
Qui voudrait encore gouverner? Qui voudrait obéir encore? Ce sont deux
choses trop pénibles. »
Dieu parle même à travers le plus irréductible athée. Il illustre ici de manière bien plus explicite ce que Paul prophétisait à Timothée.
« Point de berger et un seul troupeau! Chacun veut la même chose, tous
sont égaux: qui a d'autres sentiments va de son plein gré dans
la maison des fous.
"Autrefois tout le monde était fou," - disent ceux qui sont
les plus fins, et ils clignent de l'oeil.
On est prudent et l'on sait tout ce qui est arrivé: c'est ainsi que
l'on peut railler sans fin. On se dispute encore, mais on se réconcilie
bientôt - car on ne veut pas se gâter l'estomac.
On a son petit plaisir pour le jour et son petit plaisir pour la nuit: mais
on respecte la santé.
"Nous avons inventé le bonheur," - disent les derniers hommes,
et ils clignent de l'oeil. -
 »
Extrait de 
Ainsi Parlait Zarathoustra
Friedrich Wilhelm Nietzsche
Il va même jusqu’à utiliser 1 Corinthiens 13.1 pour critiquer son époque: « Faut-il faire du tapage comme les cymbales et les prédicateurs
de carême? » pour exprimer le fait que les prédicateurs parlaient dans le vide.
Ici vient l’avènement de la Babylone, l’universalisme mou, qui accepte tout à condition que tout soit relatif, et que la Vérité qu’est le Christ ne soit pas préchée si elle ne convient pas à toutes les oreilles… L’automatisation croissante de l’économie, par sa robotisation y compris de la reflexion, l’uniformisation des pensées et des comportements par l’influence des réseaux sociaux, le rejet de toute opinion divergente, qui critiquerait un consensus construit, mou, et sans saveur…
Le Chrétien ne peut pas être de cette société-là. La joie et la paix qu’offre l’espérance du retour de Notre Seigneur Jésus-Christ sont bien plus que tout ce que peut nous offrir ce monde.
Nous pourrions dire que l’appel à dépasser la morale pour devenir un surhumain serait crédible si nous n’avions pas eu le livre de l’Ecclésiaste, qui présente en avance la futilité d’un monde sans Dieu. Si nous n’avions pas eu connaissance de ce qu’il s’est passé dans la genèse, entre le moment où Caïn était exclu, a fondé sa nouvelle société, et la déluge…
Il apparaît clair et évident que sans Dieu, rien de bon ne peut sortir.
Nous avons de plus en plus d’exemples qui nous montrent que nous vivons dans cette soupe maussade. Que ce soient des églises qui affirment accepter et élever le péché au lieu du pécheur, qu’elles abaissent. Le tout saupoudré d’une contrefaçon de vérité appelée “inclusivité”; ou par exemple un célèbre apologète qui choisira d’aligner la création d’Adam et Eve sur la croyance moderne du temps long et de l’évolution créatrice, en plaçant leur naissance plusieurs dizaines de miliers d’années avant le récit biblique… tout cela terminera invariablement (et c’est déjà le cas) par rejeter la divinité du Christ tout en s’appelant Chrétien, rejeter la rédemption qu’il nous offre (Jésus ne serait aps mort pour nos péchés mais en luttant contre un pouvoir romain oppressif…)
Aujourd’hui le monde célèbre même un mois entier de fierté du péché, ce péché d’impudicité décrit par Paul comme une idolatrie. Aujourd’hui Paul serait catalogué comme un influenceur conservateur au mieux, d’extrême-droite voire nazi au pire, le tout enrobé d’une bouillie de mots sans véritable sens, de oui qui veulent dire non et inversement…

Que la Parole du Christ habite parmi vous dans toute sa richesse : instruisez-vous et avertissez-vous les uns les autres avec pleine sagesse ; chantez à Dieu, dans vos cœurs, votre reconnaissance, par des psaumes, des hymnes et des chants inspirés par l’Esprit. 17 Tout ce que vous pouvez dire ou faire, faites-le au nom du Seigneur Jésus, en rendant grâce par lui à Dieu le Père.

—>exortation
La Parole à double tranchant n’est pas un appel à la violence ni au meurtre comme interprètent faussement les derniers hommes, mais à une authenticité et un amour qui tranchent dans la confusion globale. Pourquoi se préoccuper de politique alors que nous ne sommes pas citoyens de ce monde ? Nous ne devrions pas prendre part à ces polémiques, pour fixer nos yeux sur le Christ.
Fixes tes yeux sur le Christ, tant rempli de grâce et d’amour, et les choses de la terres ne vaudront plus rien à la lumière du glorieux Jésus.
! Fija tus ojos en Cristo, tan llenos de gracia y amor, y lo terrenal sin valor será a la luz del glorioso Jesus !
Vivre en croyant et croire en vivant.
C’est là notre appel à sortir de ce marasme pour choisir le Christ chaque jour, avoir la foi dans Son ministère et que la joie de Le connaître soit manifestée dans nos actes.
Les solutions offertes par Jésus-Christ pour en sortir sont bien les mêmes que celles offertes à Laodicée. Lui demander de nous apporter une vraie foi, consistante, vivante, à même de traverser ce temps d’épreuve, symbolisée par l’or pur (différent de l’or mondain thésaurisé), et bien évidemment de reconnaître humblement notre pauvreté d’esprit. Ensuite une robe de justice pour célébrer le marriage même en étant démunis; et enfin un collyre pour ouvrir les yeux sur notre propre condition. C’est avec tout Son amour que le Christ nous adresse ces reproches, afin de nous secouer, de nous reveiller.
“Nul ne peut servir deux maîtres…”, nous avons la liberté de Le choisir, Lui le vrai Dieu. À l’inverse du philosophe, heureux celui qui entends les paroles et qui les mets en pratique. Alors oui, il faut nommer le péché par son nom, mais continuer d’aimer le pécheur. Juger le péché sans juger le pécheur. Voir clair pour distinguer l’un de l’autre, avec amour.
Accepter que le pire des péchés n’est pas pire que le notre c’est déjà se rendre compte que le sol est plat devant la croix. Il s’agira ainsi de taire notre fierté pour laisser le Christ entrer. La ville de Laodicée avait rejeté l’aide impériale… ne laissons pas la fierté nous enlever la victoire.
La mise en application pratique de ce message c’est la recherche de l’Esprit-Saint pour que nos vies soient authentiques, que nous vivions en tant que nouvel homme et femme. La tiédeur actuelle n’est pas capable d’attendre, or en tant qu’adventiste, c’est là mon appel. Attendre et avertir, aider mon prochain à attendre avec joie et avec foi. Tel l’attente du pain de campagne fait à la maison, la prochaine étape est une attente, afin de goûter le meilleur. Il devient donc urgent d’attendre, de demander humblement au Christ de nous équiper pour la fin qui vient, de chercher quels sont les orgeuils que nous pourrions entretenir. Nous avons besoin du Saint-Esprit pour comprendre notre monde et nous guider.
Assurément, le Christ va revenir bientôt, tenons nos lampes prêtes. Amen!
Related Media
See more
Related Sermons
See more
Earn an accredited degree from Redemption Seminary with Logos.