L'interlocuteur de Paul dans Romains 1-2
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· 16 viewsPaul seems to switch from a discourse addressed against the pagans to the Jewish converts of the church, but is he? With profound skill, he is targeting, even in his description of pagan idolatry, the Jews themselves.
Notes
Transcript
Intertextualité du discours paulinien :
. (NA28)
Καὶ ἤλλαξαν τὴν δόξαν τοῦ ἀφθάρτου θεοῦ ἐν ὁμοιώματι εἰκόνος φθαρτοῦ ἀνθρώπου καὶ πετεινῶν καὶ τετραπόδων καὶ ἑρπετῶν
Et ils changèrent la gloire du Dieu incorruptible contre la figure d’une image corruptible d’homme, d’oiseaux, de quadrupèdes, de reptiles.
. (LXX)
Καὶ ἠλλάξαντο τὴν δόξαν αὐτῶν ἐν ὁμοιώματι μόσχου ἔσθοντος χόρτον.
Et ils changèrent leur gloire contre la figure d’un bœuf qui mange de l’herbe.
. (LXX)
Εἰ ἀλλάξονται ἔθνη θεοὺς αὐτῶν, καὶ οὗτοι οὐκ εἰσὶν θεοί· ὁ δὲ λαός μου ἠλλάξατο τὴν δόξαν αὐτοῦ.
[Observe attentivement] si des nations changent leurs dieux, et ceux-ci ne sont même pas des dieux ; tandis que mon peuple a changé leur gloire.
. (LSG)
15Puisque vous n’avez vu aucune figure (תמוָּ֔נהְּ -ὁμοίωμα) le jour où l’Éternel vous parla du milieu du feu, à Horeb, veillez attentivement sur vos âmes, 16de peur que vous ne vous corrompiez et que vous ne vous fassiez une image taillée, une représentation de quelque idole, la figure d’un homme ou d’une femme, 17la figure d’un animal qui soit sur la terre, la figure d’un oiseau qui vole dans les cieux, 18la figure d’une bête qui rampe sur le sol, la figure d’un poisson qui vive dans les eaux au-dessous de la terre. 19Veille sur ton âme, de peur que, levant tes yeux vers le ciel, et voyant le soleil, la lune et les étoiles, toute l’armée des cieux, tu ne sois entraîné à te prosterner en leur présence et à leur rendre un culte : ce sont des choses que l’Éternel, ton Dieu, a données en partage à tous les peuples, sous le ciel tout entier. 20Mais vous, l’Éternel vous a pris, et vous a fait sortir de la fournaise de fer de l’Égypte, afin que vous fussiez un peuple qui lui appartînt en propre, comme vous l’êtes aujourd’hui.
Que peut-on en conclure ?
Paul semble avoir tissé ensemble les trois textes ci-dessus pour les faire servir son argumentation. L’accusation d’idolâtrie contre les païens développée au chapitre 1 du v.18-32 était un topos juif. Les juifs s’enorgueillissaient de connaître le vrai Dieu et de le servir, et accusaient les païens de « folie » = idolâtrie. Paul feint donc de reprendre une argumentation typiquement juive dirigée contre les païens (nul doute qu’il y adhère lui aussi). Seulement, lorsque l’on regarde de plus près l’argumentation paulinienne, on se rend compte que Paul s’adresse principalement dans cette section aux juifs. C’est ce que l’on essaiera de mettre en évidence ici. Pour donner une analogie, Paul fait exactement ce qu’a fait le prophète Nathan en confrontant David au sujet de son péché : « L’Éternel envoya Nathan vers David. Et Nathan vint à lui, et lui dit : Il y avait dans une ville deux hommes, l’un riche et l’autre pauvre. 2Le riche avait des brebis et des bœufs en très grand nombre. 3Le pauvre n’avait rien du tout qu’une petite brebis, qu’il avait achetée ; il la nourrissait, et elle grandissait chez lui avec ses enfants ; elle mangeait de son pain, buvait dans sa coupe, dormait sur son sein, et il la regardait comme sa fille. 4Un voyageur arriva chez l’homme riche. Et le riche n’a pas voulu toucher à ses brebis ou à ses bœufs, pour préparer un repas au voyageur qui était venu chez lui ; il a pris la brebis du pauvre, et l’a apprêtée pour l’homme qui était venu chez lui. 5La colère de David s’enflamma violemment contre cet homme, et il dit à Nathan : L’Éternel est vivant ! L’homme qui a fait cela mérite la mort. 6Et il rendra quatre brebis, pour avoir commis cette action et pour avoir été sans pitié. 7Et Nathan dit à David : Tu es cet homme-là ! » . Retournement de situation spectaculaire : David n’avait dès lors plus rien à répondre, puisqu’il s’était jugé lui-même sans s’en rendre compte. Paul, par le même procédé rhétorique, essaie de faire comprendre au Juif qu’il juge exactement comme avait jugé David sans se rendre compte qu’il était lui-même coupable. C’est en ce sens que l’on peut parler d’une polémique anti-juive chez Paul.
Progression discursive de la polémique anti-juive :
Primauté des juifs dans l’évangile affirmée :
« Pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec »
Au sein d’une polémique anti-païenne, affirmation de la responsabilité qu’implique la connaissance de Dieu, principe en proportion directe (plus je connais Dieu, plus je suis responsable de mes actes) :
Toute la section du v. 18-32 avec thèse principale : « Ils sont donc inexcusables » et points culminants au v.21 : « puisque ayant connu Dieu, ils ne l’ont point glorifié comme Dieu » et au v.32 : « Et, bien qu’ils connaissent le jugement de Dieu, déclarant dignes de mort ceux qui commettent de telles choses, non seulement ils les font, mais ils approuvent ceux qui les font. »
Adresse directe et violente à un homme qui partage le jugement de Paul sur les païens exprimé plus haut (v.18-32) :
« O homme, qui que tu sois, toi qui juges »
Retournement de la condamnation de Paul sur celui-là même qui partageait le jugement de Paul. « Tu es donc inexcusable »
Paul applique en effet sur cet homme, les mêmes paroles qu’il avait prononcées au sujet des païens —mais cela devient clair maintenant— surtout au sujet des juifs) « Ils sont donc inexcusables »
« Ils sont donc inexcusables »
Reproche principal d’hypocrisie :
« Toi qui juges, tu fais les mêmes choses »
« Toi qui juges, tu fais les mêmes choses »
Renversement total de la première affirmation de la primauté du juif dans l’évangile appliquée maintenant à la condamnation eschatologique :
«Tribulation et angoisse sur toute âme d’homme qui fait le mal, sur le Juif premièrement, puis sur le Grec ! »
Réaffirmation de la primauté du Juif dans la bénédiction eschatologique :
« Gloire, honneur et paix pour quiconque fait le bien, pour le Juif premièrement, puis pour le Grec ! »
Conclusion générale et également preuve servant à légitimer l’argument : « Car devant Dieu il n’y a point d’acception de personnes. »
Preuve de l’affirmation d’impartialité de Dieu en ce qui concerne le jugement eschatologique (traitement équitable des juifs et des païens puisque Dieu prend en compte le différent degré de connaissance que les hommes avaient à leur disposition > principe aussi énoncé en ) : « Tous ceux qui ont péché sans la loi périront aussi sans la loi, et tous ceux qui ont péché avec la loi seront jugés par la loi. »
« Tous ceux qui ont péché sans la loi périront aussi sans la loi, et tous ceux qui ont péché avec la loi seront jugés par la loi. »
Utilisation de la 3ème personne pour parler des païens, ce qui prouve que Paul ne s’adressait pas directement à eux (la 3ème personne est la personne absente du discours) : « Quand les païens, qui n’ont point la loi, font naturellement ce que prescrit la loi, ils sont, eux qui n’ont point la loi, une loi pour eux-mêmes ; 15ils montrent que l’œuvre de la loi est écrite dans leur cœur, leur conscience en rendant témoignage, et leurs pensées s’accusant ou se défendant tour à tour. » . Ce qui nous amène à reconsidérer l’identité de : « O homme, qui que tu sois, toi qui juges »
La 2ème personne est clairement employée ici pour désigner le juif: « Toi qui te donnes le nom de Juif » .
Reproche principal d’hypocrisie (un lien est donc formé avec la première adresse, Paul n’a pas changé d’interlocuteur, il parlait au v.1 déjà au juif) : « Toi donc, qui enseignes les autres, tu ne t’enseignes pas toi-même ! Toi qui prêches de ne pas dérober, tu dérobes ! 22Toi qui dis de ne pas commettre d’adultère, tu commets l’adultère ! Toi qui as en abomination les idoles, tu commets des sacrilèges ! .
n’a pas changé d’interlocuteur, il parlait au v.1 déjà au juif) : « Toi donc, qui enseignes les autres, tu ne t’enseignes pas toi-même ! Toi qui prêches de ne pas dérober, tu dérobes ! 22Toi qui dis de ne pas commettre d’adultère, tu commets l’adultère ! Toi qui as en abomination les idoles, tu commets des sacrilèges ! .