Mardi 8e sem. TO - 25 mai 2021
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Mes chers frères,
Pour reprendre le cours de votre vie dans le temps dit “ordinaire”, le Seigneur vient vous encourager. Après avoir vécu un triduum et un temps pascal intenses avec deux retraites à la clef, après avoir sans doute beaucoup prié et beaucoup réfléchi pour discerner à quelle mission vous vous sentez appelés par l’Esprit, viennent les semaines où vous allez avoir à prendre une décision. Or en ce mardi, Dieu vous invite à la confiance.
Si vous vous rappelez votre lecture intégrale de l’Évangile selon saint Marc, vous vous souvenez que le petit dialogue entre Pierre et Jésus entendu à l’instant fait suite à l’épisode de l’homme riche qui, malgré le regard d’amour posé sur lui, ne prend pas le risque de suivre Jésus. Surtout notre passage est immédiatement précédé de deux affirmations étonnantes et apparemment contradictoires de Jésus sur le salut : “Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.” et “Tout est possible à Dieu”.
Finalement, les paroles de Jésus résonnent avec celles de Ben Sira le Sage. N’ayons pas peur de tout donner en sacrifice d’action de grâce au Seigneur. Pour tout l’amour qu’il nous donne, en particulier quand cet amour prend la forme d’un regard de miséricorde de Jésus sur nous et se fait appel à le suivre, ne craignons pas d’arriver avec, seulement, ce que nous sommes. Ne soyons pas non plus regardants quand nous présentons notre offrande à Dieu ; n’essayons pas de retenir quoi que ce soit par peur du manque, n’ayons pas peur de tout quitter si c’est ce que Dieu nous demande. Cherchons à faire sa volonté droitement et ne nous inquiétons pas trop de ce que nous aurons abandonné pour lui. “Tout est possible à Dieu”.
Permettez-moi, pour finir de vous raconter une petite histoire qui donne une idée du centuple promis à ceux qui suivront Jésus. Il se trouve que cette histoire concerne un prêtre… Celui-ci se trouve à discuter seul à seul avec une femme de grande classe, une aristocrate, belle, intelligente, mais révoltée contre Dieu depuis qu’elle a perdu son enfant chéri. Or le pauvre prêtre est lui-même assailli par le tourment de la désespérance. Elle croit que Dieu lui demande d’abandonner son fils et jusqu’à son souvenir ; lui croit qu’il n’a plus qu’à vivre l’agonie du Christ à Gethsémani. Pourtant, par la grâce de Dieu, le prêtre réussit à rendre l’espérance à celle qui l’avait perdue et à convertir la comtesse en rompant les liens funestes qui la maintenaient dans la révolte. Vous avez sans doute reconnu l’histoire du curé d’Ambricourt, racontée par Bernanos dans le Journal d’un curé de campagne. Or voici comment le prêtre commente l’événement : “Ô merveille qu'on puisse ainsi faire présent de ce qu'on ne possède pas soi-même. Ô doux miracle de nos mains vides !”
Mes chers frères, en ces temps ordinaires et pourtant décisifs, ne craignons pas d’avancer vers Dieu les mains vides et de tout lui offrir. Amen.